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DE LA PORNOCRATIE.

d’après Raphaël, sont plus ou moins défectueuses, nous remontons par la pensée au modèle parfait que nous supposons invinciblement exister dans la pensée de la nature créatrice, dans la raison de Dieu. En ce sens, l’idéal, chose non réelle, mais parfaitement intelligible, est un absolu, puisqu’il réunit la vérité, l’harmonie, l’exactitude, la proportion, la force, la beauté. Nous n’y atteignons pas, c’est chose certaine ; mais nous agissons d’après lui, sauf les droits de la justice qui sont ici réservés : nous nous dépravons quand nous suivons autre chose. Le renoncement à l’idéal est un signe de notre décadence.

Vous, au contraire, vous niez à priori cet idéal, puisque vous le niez en tant qu’absolu, et que, dans votre pensée, absolu est synonyme de vérité, de loi, de certitude. Pour vous, il n’y a pas, je le répète, d’idéal ; et ce que vous appelez de ce nom, c’est tout ce qu’il vous plaît. C’est le laid. L’idéal est un mot qu’il faut rayer de votre dictionnaire, de même que l’absolu, le relatif, le certain, l’universel, parce qu’il ne signifie rien, absolument rien pour vous. Il faut le remplacer par un autre, qui s’appelle, en latin libido, en français : fantaisie.