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Comment le législateur n’a-t-il pas vu que le cas est bien autrement grave, pour la dignité du mari, pour sa sécurité, lorsqu’il s’agit de la publication d’un écrit, ou de toute autre exhibition de sa femme. En France, ce sont les hommes qui se montrent les plus empressés à faire valoir ainsi leurs moitiés. En 1847, quelque temps avant la révolution de février, j’ai assisté à Paris à une séance politique et socialiste, dans laquelle une femme, fort belle, faisait, sous la protection de son mari, ses débuts oratoires. Il n’y avait rien à dire, puisque le mari était là, servant à sa femme d’appariteur. L’improvisation fut au-dessous du médiocre : Madame n’était pas en voix. Je ne saurais dire ce que je souffrais pour cette pauvre femme, montrée par un imbécile d’homme. Je crois, si j’avais été l’amant, que je l’aurais fait à l’instant rentrer chez elle, et que j’aurais souffleté le mari. Une femme qui écrit ne devrait être connue du public que de nom; une femme qui pérore devrait être consignée à la maison.

J’étais à la séance des cinq académies dans laquelle Mme Louise Colet-Révoil vint recevoir le prix de poésie pour sa composition sur le musée de Versailles. Il y a plus de vingt ans de cela : Mme Louise Golet doit être vieille; depuis