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ou l’usure ; impossible de préconiser le libre-échange sans favoriser, plus ou moins, la contrebande. Je dis de même qu’il est impossible à une femme de passer sa vie au milieu des hommes, de se livrer à des études ou à des occupations viriles, de professer, par exemple, la théorie du libre amour, sans que dans son extérieur elle prenne quelque chose de la virago, et qu’elle ressente au fond du cœur une pointe de libertinage.

Molière, dans sa comédie des Femmes savantes, a parfaitement saisi ce principe. Il représente une mère de famille, Philaminte, honnête dans sa vie, — le bel esprit lui est venu tard, — mais chantant plus haut que le coq, comme le dit la servante, par suite du plus haïssable caractère, tyran de son mari et de sa fille ; à la fin, la plus misérable des dupes. À côté de Philaminte est sa sœur Bélise, vieille prude occupée à chasser l’amour de chez elle, mais qui croit tous les hommes amoureux d’elle, et ne leur en veut pas pour cela. Qu’il y en ait un qui daigne l’entreprendre, elle fera quelque folie, c’est visible. Vient enfin la fille aînée de Philaminte, Mlle  Armande, qui ne demanderait pas mieux que de jouer du matin au soir avec l’amour, mais qui ne