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Quelle est maintenant la valeur des traités de paix ? Quelle en est la signification, la portée ?

Vattel, partant toujours du principe que la guerre a son principe dans une injure et que la victoire ne prouve rien, dit que le traité de paix ne peut être qu’une transaction. Erreur radicale. Le traité de paix, motivé par la victoire, c’est-à-dire par le jugement de la force rendu dans une question de force, est une véritable solution, la définition d’un État à nouveau. Et il faut, dans l’intérêt de la paix, et pour l’honneur des vaincus qu’il en soit ainsi. Sans cela la paix, déjà si précaire, ne serait qu’un pacte imposé par la violence et que déchirerait bientôt la trahison. La belle jurisprudence à enseigner aux nations que de leur répéter sans cesse que tout avantage obtenu par la force est une iniquité, et que leurs paix ne sont que des escroqueries ou des parjures !…

Je termine ici ces observations critiques. Elles suffisent à démontrer que si, chez les militaires, la connaissance du droit de la guerre est erronée, du moins il leur en reste l’obscure conscience ; tandis que chez les juristes tout a péri, l’idée et la foi.