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même. Les circonstances seules me paraissent devoir décider de la résolution à prendre, dont chacun au surplus reste maître.


4. De l’interruption du commerce. — Suivant Pinheïro-Ferieira, l’état de guerre n’est pas une raison suffisante d’interrompre les relations commerciales entre deux pays. C’est sans doute le blocus continental qui a suggéré à Pinheïro-Ferreira cette opinion d’une haute philanthropie, et il faut avouer qu’avec un tel principe Napoléon Ier eût été réduit de bonne heure. Bien plus, il faut reconnaître que les opérations commerciales, si elles devaient être respectées et maintenues, rendraient le plus souvent les opérations militaires inexécutables. Profondément convaincu de l’absurdité du droit de la force et de l’immoralité de la guerre, Pinheïro-Ferreira ne marchande point, comme les autres, avec le préjugé. Il s’attache à entourer la guerre de toutes les conditions qui peuvent l’abréger, la restreindre, la rendre impraticable et impossible. Tel est le caractère général des écrits de ce philosophe.

Malheureusement les choses ne se prêtent point ainsi à l’arbitraire de l’opinion, et, parce qu’il nous plaît de les définir à notre guise, elles n’en suivent pas moins leur indomptable nature. La guerre est, entre deux nations, la lutte des forces. Et qu’est-ce que le commerce ? un échange de forces. Que la guerre soit aussi courte que possible, je le veux ; mais, au moment du combat, c’est-à-dire tant que durent les hostilités, toute relation de commerce, c’est-à-dire tout échange de forces entre les puissances belligérantes doit cesser. Sans cela la guerre deviendrait un jeu ; ce serait une partie d’escrime, non un jugement ni une sanction.


5. Si les sujets des puissances ennemies sont ennemis. —