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Confédération germanique tendent à se grouper en un empire d’Allemagne ; ainsi la Belgique et la Hollande, revenant à la pensée de 1815, mais tout en conservant chacune son individualité, se rapprochent le plus qu’elles peuvent. La Belgique avait démoli ses places frontières ; la voilà qui fortifie Anvers. A qui la faute ?… Ce serait, à mon avis, une grave erreur de s’imaginer que l’Autriche soit à la veille d’une dissolution, parce que les peuples dont elle se compose, d’un côté affirment leurs franchises nationales et rappellent l’empereur au principe fédératif de l’empire, de l’autre réclament des réformes : en tout cela, les populations ne font que se référer à l’esprit des traités. Elles seraient à plaindre, si elles pensaient autrement. C’est la paix qui s’organise par toute l’Europe sous les formules du droit de la guerre, l’œuvre de 1815 qui se complète et se consolide, en attendant les définitions du droit économique. Il se peut que dans ce travail de pacification équilibrée plus d’un remaniement dans la composition et la délimitation des puissances soit opéré, que telle dynastie paye de la déchéance son obstination contre le progrès : qu’est-ce que cela fait aux traités ? Ce serait mesquinement les entendre, faire peu d’honneur aux nations représentées à Vienne, que de s’imaginer que tout se soit fait pour la gloire des Bourbons ou l’humiliation des Bonaparte.

En résultat, les traités de 1815 ont créé en Europe un ordre de choses nouveau, indestructible, que le temps et l’expérience peuvent apprendre à perfectionner, mais auquel on ne saurait porter atteinte qu’au détriment des peuples et de la civilisation. Est-ce à la France maintenant qu’il peut convenir, dans cette agitation régénératrice, de faire entendre le clairon belliqueux ? Qu’a-t-elle, à cette heure, à porter au monde ? Est-ce la liberté ? Partout elle existe, chez nous seulement