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mais le travail de la première nous empêche de voir le progrès de la seconde. Pour mieux dire, la guerre et la paix sont deux formes différentes d’un seul et même mouvement, d’une seule et même loi : l’antagonisme.

e) On allègue la multitude de questions que la guerre, le jugement de la force, peut avoir à trancher encore. — Ces questions, la prépondérance du travail une fois acquise, les lois de la solidarité économique connues, l’inutilité de la conquête déclarée, le pillage proscrit, deviennent toutes secondaires ; elles sont du ressort des congrès : la raison publique suffit à les résoudre. Quant aux forces elles-mêmes, nous avons dit qu’elles luttaient sur un autre champ de bataille.

f) On a traité de chicane l’exception d’incompétence que nous avons tirée contre la guerre de la position du problème économique. Sans doute, a-t-on dit, ce n’est pas à la guerre qu’il appartient de trancher les questions de crédit, de salaire, d’association, d’échange, etc. ; mais il y a toujours une question de politique, on pourrait presque dire de pétitoire international, à vider, et sur laquelle tout l’édifice économique repose. Or, cette question est exclusivement du ressort de la guerre. — A cela je réplique, en me servant du même style, que le pétitoire est incessamment modifié, transformé par le possessoire ; que de même que la propriété, qui depuis le droit quiritaire a déjà subi tant de fortunes diverses, tend à en subir une plus profonde encore et à tomber tout à fait sous la juridiction commerciale ; de même l’État, transformé par l’abolition du principe féodal et de droit divin, tend à prendre un caractère purement administratif et à se réduire en un règlement de budget ; de même, enfin, les rapports internationaux tendent à se résoudre en des rapports purement économiques, ce qui écarte toute hypothèse d’une juridiction de la force.