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confisqués ? Il en est ainsi de la guerre : ce qu’elle a fait pour le progrès de la civilisation demeure à jamais ; tout le reste est néant.

Qu’elle nous laisse donc à présent, et nous applaudirons à ses hauts faits ; nous relirons ses poèmes, nous célébrerons ses héros. Notre tâche, à nous, n’est plus de faire lutter les forces, mais de les équilibrer. Eh ! n’est-ce pas, au fond, ce que voulait la guerre ? De quelque côté que nous l’envisagions, la guerre conclut à la paix : ce serait la méconnaître et lui faire injure que de la croire éternelle. La guerre et la paix sont sœurs justicières : ce que la bataille produit chez l’une, l’opposition le crée chez l’autre ; le fond et la forme sont les mêmes. La guerre, ayant pour but de comparer les puissances et d’en régler les droits, était une joute préparatoire, indispensable. Toutes les nations civilisées ont donné leur mesure : on sait ce que valent les autres ; leur faiblesse les dispense du jugement. Maintenant l’épreuve est faite, l’expérience consommée. L’équilibre politique s’affirme : c’est à la science économique et aux arts de la paix de conclure.