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CHAPITRE PREMIER


QUE DANS TOUTE GUERRE L’IMMORALITÉ DE LA CAUSE ET L’INIQUITÉ DU BUT, TANT D’UNE PART QUE DE L’AUTRE, ENTRAINENT LA DÉLOYAUTÉ DES FORMES.


Quels que soient le développement et la prééminence des intérêts, en dernière analyse, et d’après la généalogie même du droit, l’ordre économique est placé sous la protection de l’ordre politique ; il a sa garantie dans la puissance politique : la politique est inséparable de la société. Or, la politique, par son essence, par son droit, par toutes ses institutions, c’est la guerre. La guerre donc est-elle susceptible de réforme ? Cette question n’a jamais été posée : il n’y en a pas cependant de plus impérieuse.

De prime abord, la réformation des mœurs militaires ne présente rien d’impraticable. L’histoire de la civilisation pourrait se définir une succession de réformes : réformes dans la religion, réformes dans l’État, réformes dans le mariage et la famille, réformes dans la propriété, dans les successions, dans l’échange, dans l’industrie, réformes dans la justice. C’est par une suite non interrompue de perfectionnements que la société s’élève à la pureté de son