Page:Proudhon - La Guerre et la Paix, Tome 2, 1869.djvu/17

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

néralement horreur de pareils moyens. Je ne leur demande donc que d’être d’accord avec eux-mêmes. Ils croient à un droit de la guerre, par conséquent à une réglementation des armes, quand ils réprouvent l’empoisonnement de l’ennemi. Qu’ils suivent cette idée, et qu’ils répondent maintenant à ma question : Peut-on regarder comme permises par le droit de la guerre ces armes de précision qui foudroient à des distances énormes et à coup sûr ; ces projectiles de toute forme, coniques, creux, a ressort, qui, après avoir perforé le corps de l’adversaire, laissent des blessures dangereuses, pires que celles causées par les bombes orsiniennes ?

« Les Français, écrivait lors de la guerre de Lombardie un correspondant du Times, ont introduit récemment dans le service une nouvelle balle, dont la base creuse est en forme de pyramide. Cette forme donne à la balle cette propriété que, lorsque la pointe de la balle touche un os, la base de la pyramide s’ouvre aux angles et fait une blessure terrible que le médecin de l’hôpital m’a montrée, en l’appelant sehr schœn. »

Le fait rapporté par le Times est-il exact ? Je m’en méfie. La presse anglaise est peu bienveillante pour l’honneur français. L’infanterie française est regardée aujourd’hui comme la plus brave du monde dans les charges à la baïonnette ; elle l’a prouvé dans cette même guerre de Lombardie. Qu’a-t-elle besoin de balles à ressort ?… En tout cas, si les Français ont eu en ceci le triste mérite de l’invention, ils ne tarderont pas à éprouver les inconvénients de la contrefaçon. C’est pourquoi je dénonce à mon tour le fait à la loyauté de tous les militaires, qui certes n’ont pas imaginé la balle à ressort, et dont la bravoure sait