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chercher la cause de sa dépravation ? Ces motifs nous les connaissons : impossible d’y découvrir rien qui explique la déloyauté du combat et l’indélicatesse de la victoire.

La guerre est de deux sortes : guerre internationale, lorsqu’il s’agit de la fusion de deux races, de l’incorporation d’un État dans un autre État, de leur délimitation, de leur subordination, ou bien, ce qui rentre toujours dans le même motif, de l’affranchissement d’une nation soumise, revendiquant les armes à la main sa souveraineté ; et guerre civile ou sociale, lorsque c’est un grand intérêt religieux, gouvernemental ou féodal qui est en jeu, et dont la défaite entraîne, pour le pays et pour l’État, révolution.

Dans tous ces cas, et il n’y en a pas d’autres, la guerre, bien loin qu’elle occasionne ou provoque par ses motifs les excès qu’avec tant de justice on lui reproche, les exclut rigoureusement. De tels excès, en effet, loin d’être autorisés par le droit de la guerre, sont par lui formellement condamnés ; loin de servir la bonne cause, la déshonorent ; loin de réprimer ou d’intimider l’ennemi, l’excitent et le poussent aux représailles ; loin d’avancer la solution, la retardent en falsifiant la victoire.

Et puis, quel rapport entre les graves questions de droit public ou international qu’il s’agit de vider par les voies de la force, et ce système de surprises, de guets-apens, de réquisitions, de pilleries, de viols, de dévastations, de massacres ; cette tactique exterminante, ces canons rayés, ces balles explosibles, ces écrasements désespérés, ces colonnes incendiaires, ces machines infernales ? C’est comme si un particulier, plaidant contre son voisin pour une affaire de servitude ou de bornage, au lieu de répondre à l’assignation, empoisonnait le bétail de son adversaire, frappait ses enfants et ses domestiques, mettait le feu à ses récoltes. Que le plaideur débouté se venge, après coup, de