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une des plus sublimes haltes de l’humanité, à une organisation complète » de l’ordre social. Nous entrevoyons pour les enfants de nos enfants une série de siècles libres, religieux, moraux, rationnels, un âge de vérité, de raison, de vertu, au milieu des âges… En prenant Dieu pour point de départ et pour but, le bien général de l’humanité pour objet, la morale pour flambeau, la conscience pour juge, la liberté pour route, vous ne courez aucun risque de vous égarer…

« Les hommes de l’assemblée constituante n’étaient pas des Français ; c’étaient des hommes universels. On les méconnaît et on les rapetisse, quand on n’y voit que des prêtres, des aristocrates, des plébéiens, des sujets fidèles, des factieux et des démagogues. Ils étaient, et ils se sentaient mieux que cela : des Ouvriers de Dieu, appelés par lui à restaurer la raison sociale de l’humanité, et à rasseoir le droit et la justice dans l’univers. »

« La déclaration des droits est le Décalogue du genre humain dans toutes les langues. »

Ce sont là de magnifiques et prophétiques paroles, comme il en échappe, sans effort, à M. de Lamartine, chaque fois qu’un rayon de cette raison sociale qu’il invoque vient éclairer son âme.

Oui, nous sommes à une de ces fortes époques qui décident de la destinée des nations ; à une de ces époques de rénovation et de transformation universelle ; époque qui n’a d’analogue dans le passé que l’époque évangélique, époque dont la Révolution française fut le Thabor, et les hommes de la constituante les premiers et immortels missionnaires. Or, quel sera, selon M. de Lamartine, le trait signalétique de cette époque divine, si merveilleusement régénératrice ? Il va nous le dire : ce sera encore, comme à l’époque évangélique, une promesse, la promesse de paix, le rameau d’olivier, annonçant la fin des luttes et