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CHAPITRE VII


L’HOMME DE GUERRE PLUS GRAND QUE NATURE


C’est surtout par l’exaltation de la personne virile que la guerre manifeste son prestige. L’homme sous les armes paraît plus grand que nature ; il se sent plus digne, plus fier, plus sensible à l’honneur, plus capable de vertu et de dévouement. Il n’a point parlé, il n’a pas fait un mouvement, et déjà la gloire semble l’entourer de son auréole. « Ceins ton épée sur ta a hanche, brave des braves ; marche dans ta force et » dans ta beauté. » C’est en ces termes que le barde hébreu adresse la parole au jeune roi : Accingere gladio tuo super femur tuum, potentissime ; specie tua et pulchritudine tua intende !

Chez les anciens, le guerrier est l’ami, le protégé des puissances célestes. Son courage lui vient d’en haut ; un dieu le couvre de son égide, le rend invincible, invulnérable. « Vous ne toucherez pas mes oints, » dit Jéhovah, le dieu des armées. Ses oints ! vous l’entendez ? L’onction ou consécration guerrière, le tatouage, toujours en honneur chez nos soldats et nos marins, est le signe de la pro-