bestial, que la guerre est mauvaise et scélérate, et, par une nouvelle contradiction, prétend que l’état n’est institué qu’à seule fin de l’empêcher. Comme si l’étude de la politique, du droit des gens, comme si les rapports nécessaires des nations, comme si leurs annales ne témoignaient pas, au contraire, que l’état est constitué tout à la fois autant pour la guerre du dehors que pour l’ordre du dedans !
Mais, objecte-t-on, si la guerre a cessé entre les sujets d’un même état, pourquoi ne cesserait-elle pas aussi bien entre les états eux-mêmes ? C’est ce qu’a voulu dire Hobbes, et sa pensée est devenue celle de tous les publicistes.
Si la guerre, toujours vivace entre les nations, éclate rarement, dans sa forme sanglante, entre les particuliers, cela tient à la fois, d’un côté, au développement du droit civil, qui n’a pas besoin de combat pour amener les transactions et régler les litiges ; d’autre part, aux conditions de l’ordre politique, qui ne peut subsister et soutenir les attaques du dehors, que si les citoyens renoncent à toute guerre privée et réservent à l’État, vis-a-vis des nations, le privilége de revendiquer justice les armes à la main. Or, il s’en faut de beaucoup, ainsi que nous le démontrerons par la suite, que d’état à état tous les sujets de litige puissent se régler amiablement et par un simple arbitrage ; bien moins encore, que lesdits états puissent se soumettre à une autorité commune, qui juge leurs différends. Pendant longtemps, du moins pendant une période dont nous n’oserions encore aujourd’hui fixer le terme, il est nécessaire que les nations vident leurs différends par les voies de la force ; et ce mode de solution est pour elles le seul juste, le seul rationnel, le seul honorable. D’où il suit que la guerre, qui de citoyen à citoyen a subi et dû subir une métamorphose complète, n’a ni pu ni dû se transformer de