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CHAPITRE VI


LA GUERRE, DISCIPLINE DE L’HUMANITÉ


Ce n’est plus l’instinct populaire, ce n’est plus la légende ; c’est la philosophie en personne, Hégel, qui va parler. La guerre, nous dit-il, est indispensable au développement moral de l’humanité. Elle donne le relief à notre vertu et y met le sceau ; elle retrempe les nations que la paix a amollies, consolide les États, affermit les dynasties, éprouve les races, donne l’empire aux plus dignes, communique à tout, dans la société, le mouvement, la vie, la flamme.

Il faut qu’il y ait beaucoup de vrai dans cette philosophie belliqueuse, pour qu’un homme de paix, ministre du saint Évangile, ennemi de la guerre par sa profession et par ses études, Ancillon, s’y soit associé :


« La paix, dit-il, amène l’opulence ; l’opulence multiplie les plaisirs des sens, et l’habitude de ces plaisirs produit la mollesse et l’égoïsme. Acquérir et jouir devient la devise de tout le monde : les âmes s’énervent et