Page:Proudhon - La Guerre et la Paix, Tome 1, 1869.djvu/47

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

et le plus grand des dieux, est en même temps le dieu des combats. Ses successeurs, Odin, Thôr, Apollon, Hercule, Mars, Pallas, Diane, etc., tiennent de lui et se partagent cet honneur.

Les descendants de Sem pensent à cet égard comme ceux de Japhet : « Jéhovah est un homme de guerre, dit la Bible ; qui est semblable à lui ? » Ailleurs, elle le nomme le Dieu des armées, dont la gloire remplit le ciel et la terre.

La guerre, en cette vie et en l’autre, est toute la religion des anciens peuples du Nord. Ils ne conçoivent pas d’autre espérance, d’autre félicité. Quoi ! cette poétique description du Walhalla, où les héros se livrent à des combats sans fin, en récompense d’avoir bien combattu sur la terre, ce paradis de batailles ne dit rien à votre imagination, rien à votre conscience, rien à votre cœur ! Ce n’est pour vous que rêves de lions et de tigres !

Plus ancien que Moïse, Zoroastre enseigne qu’Ormuzd et Ahrimane, le bon et le mauvais principe, se livrent un éternel combat : de cette lutte divine résulte la création, ou le renouvellement perpétuel des existences. Ainsi, selon cette théologie, qu’on retrouve chez les Indiens, le monde n’était pas créé, que déjà l’éternel Vainqueur terrassait Satan et ses anges, assurait par sa victoire l’homme contre le péché, déterminait le plan de la Providence et l’économie de l’univers.

Le christianisme n’a fait que développer l’idée du magisme. Qu’est-ce que le Christ ? Le vainqueur des démons, le fondateur de la monarchie élue, qui vient apporter, non la paix, mais le glaive.

Sans doute le paradis chrétien est l’opposé du paradis Scandinave : là tout se passe en adorations et en cantiques. Virgile avait préludé à cette révélation, en représentant les héros dans les champs Élysées, non plus occupés de combats, mais d’exercices du corps et de joutes, images de