Page:Proudhon - La Guerre et la Paix, Tome 1, 1869.djvu/40

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


CHAPITRE II


LA GUERRE EST UN FAIT DIVIN


Chez tous les peuples, la guerre se présente à l’origine comme un fait divin.

J’appelle divin tout ce qui dans la nature procède immédiatement de la puissance créatrice, dans l’homme de la spontanéité de l’esprit ou de la conscience. J’appelle divin, en autres termes, tout ce qui, se produisant en dehors de la série, ou servant de terme initial à la série, n’admet de la part du philosophe ni question, ni doute. Le divin s’impose de vive force : il ne répond point aux interrogations qu’on lui adresse, et ne souffre pas de démonstration.

L’apparition de l’homme sur le globe est un fait divin. D’où vient l’homme, en effet ? Comment est-il venu ? On l’ignore. La génération spontanée, à laquelle la spéculation s’accroche fatalement, n’est point précisément un fait d’expérience, et quand nous en pourrions citer des exemples, elle resterait encore pour nous inintelligible. Si jamais la science pénètre ce mystère, la divinité de notre origine sera reculée, le fait même de notre terrestre existence