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quez, chez ceux dont nous critiquons les pratiques, l’inconséquence.

En vertu du droit de la guerre existant et de certains arrangements, plus ou moins officiels, entre les états, les armées régulières ont la prétention, en entrant dans le pays ennemi, de n’avoir affaire qu’à des corps réguliers comme elles-mêmes. Tout individu qui, sans uniforme, sans commandement supérieur, se mêle à la guerre, est fusillé comme brigand. J’applaudis à cette police dont le sens n’est pas douteux, et qui est un pas dans la voie du véritable droit de la guerre. Mais, alors, que les armées elles-mêmes se tiennent en corps ; qu’elles respectent les habitations, les personnes et les propriétés ; qu’elles subviennent à leurs besoins par leurs propres ressources ; qu’on cesse d’ériger en principe qu’à la guerre les armées ont le droit de subsister aux dépens des populations, et qu’on ne souffre plus que des nuées de maraudeurs aillent fourrager à travers champs, pillant et rançonnant pour leur propre compte, exerçant, à l’exemple des généraux, des réquisitions arbitraires.

Dans la guerre d’Espagne, en 1808, les Espagnols, déshabitués du métier des armes, incapables de se tenir en ligne et d’exécuter une manœuvre, tombaient comme des moutons devant les armées françaises. Ne pouvant se défendre en masses contre des masses, ils se formèrent en guérillas et commencèrent cette guerre d’embuscades dans laquelle périrent 500,000 Français. Ceux-ci, honteux du rôle qu’on leur faisait jouer, mais obligés par le serment militaire de faire leur devoir, ne manquèrent pas de trouver cette guerre de partisans aussi féroce que lâche ; autant ils attrapaient de guérillas, autant ils en pendaient. Tout ce qui leur devenait suspect était passé par les armes. Droit de représailles, disent les auteurs. Mais par qui donc, s’il vous plait, avait commencé l’infraction ? N’est-ce pas par