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CHAPITRE V


CRITIQUE DES OPÉRATIONS MILITAIRES. — DE LA DESTRUCTION DES RESSOURCES DE L’ENNEMI, DE LA MARAUDE, DES SAISIES ET CONTRIBUTIONS, ET DE L’EMBAUCHAGE.


La guerre, faute d’une théorie solidement établie en principes et de définitions précises, a jusqu’à présent été menée au hasard. De même que le gouvernement, la famille, la propriété, elle s’est imposée comme une nécessité, sur laquelle on pouvait disputer du pour et du contre, mais dont personne ne découvrait la raison supérieure ni la fin. Ce qu’elle a produit de bien et de juste, elle l’a dû à l’énergie de sa nature ; ce qu’elle a causé de mal est le fait de l’ignorance des hommes. Ceux qui ont entrepris d’en tracer les lois ont raisonné de tout en gros, sur des analogies et par à peu près, tantôt invoquant le droit civil ou le droit pénal, tantôt se référant à la raison de salut public ou au droit des gens volontaire, souvent appelant à leur aide le précepte de charité. Personne n’a réussi ni seulement songé à lui trouver un principe recteur, un lien d’ensemble. Aussi la plus extrême divergence règne-t-elle dans les solutions proposées, et si l’on voulait citer un