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n’est pas éloigné, où ce mouvement de concentration se changera en un mouvement opposé : ce sera lorsque l’expérience du système parlementaire et bourgeois sera devenue générale, et que les grandes questions économiques auront été mises à l’ordre du jour. Alors la révolution sociale, manquée en février 1848, s’accomplira par toute l’Europe.

Pour le moment, il est incontestable que l’opinion, sur tous les points, est en majorité unitaire. Il est donc naturel qu’en Italie elle le soit aussi, et cela, en dépit des antécédents fédéralistes de ce pays, antipathique, plus qu’aucun autre peut-être, à l’unité. Il était donc facile de prévoir que, la question d’unité se faisant solidaire de celle d’émancipation, la lutte engagée entre le roi de Piémont et celui de Naples devait, si l’Italie était abandonnée à elle-même, si aucune influence du dehors ne s’y faisait sentir, se terminer à l’avantage du premier.

Cette solution, qui n’est peut-être pas définitive, doit-elle être considérée comme une injustice de la guerre ? Non, puisque l’unité de l’Italie apparaît au plus grand nombre, en ce moment, comme la condition de l’indépendance, et que, s’il est permis de suspecter l’efficacité de cette grande fusion, il l’est tout autant de se méfier de la conversion du roi de Naples. La prépotence en Italie, et par conséquent le droit, est donc, jusqu’à nouvel ordre, acquis à l’unité.

Mais l’Italie n’existe pas seule en Europe ; elle fait partie d’un vaste système d’états, plus ou moins dépendants les uns des autres, et régis par certains principes. De même que, dans sa lutte contre l’Autriche, elle a bénéficié de l’intervention française et de la passivité des autres états, de même elle doit tenir compte de l’opposition qui lui serait faite, sur sa formation unitaire, par ces mêmes états. Or, ces États, ce n’est pas seulement l’Autriche, vaincue