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Eh bien, cette question encore a été jugée contre le Pape à la bataille de Castelfidardo, perdue par le général Lamoricière. L’esprit des populations n’est plus du tout le même aujourd’hui que du temps d’Hildebrand. Alors les peuples prenaient parti pour le chef du spirituel contre les chefs du temporel ; aujourd’hui, il ne se trouve pas, dans tout l’univers catholique, assez de dévouement, assez de foi, assez d’hommes, pour affirmer, contre l’armée piémontaise, la souveraineté temporelle du Pape. Qu’il en soit ce qu’il voudra du dogme catholique et romain, la guerre a constaté que le pontife couronné n’était plus viable ; elle a jugé, si j’ose ainsi dire, divinement.


Entre le Piémont, représentant de l’émancipation italienne, et les ducs de Toscane, de Parme et de Modène, alliés ou feudataires de l’empereur. — Poser la question en ces termes, c’est la résoudre. Si la pétition de la jeune Italie est juste contre l’empereur, elle est juste aussi contre les ducs : pourquoi ne l’ont-ils pas les premiers signée ? Et si le jugement de guerre obtenu contre le premier est valide en toute sa teneur, il est exécutoire contre ses alliés et feudataires, à moins qu’ils ne soient en mesure d’offrir à leur tour le combat. Pourquoi ne se sont-ils pas présentés, en personne et avec leurs armées, soit avec Victor-Emmanuel, soit contre lui ? Dans le premier cas, ils eussent conservé leurs états ; dans le second, ils auraient pu ne les pas perdre. Mais ces Altesses ont résisté au mouvement, et elles se sont trouvées seules ; leurs sujets les ont abandonnées. De tels souverains n’étaient donc pas dignes de vivre ; ils n’avaient pas la force.


Entre le roi de Piémont, devenu par l’acclamation du peuple roi d’Italie, et le roi des Deux-Siciles, ami du Pape et de l’empereur, de plus scissionnaire. — Le public, qui