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tique droit divin s’opposent les droits de l’homme ; à la foi romaine, la raison philosophique ; à l’idée impériale, le système constitutionnel ; à l’antagonisme des villes, à tout ce que l’Italie tient de l’étranger, la conception d’une patrie, d’une nationalité italienne. Le siècle était éminemment favorable à cette renaissance. Malgré tout ce qu’on a dit des fameux traités, la date de 1814-1815 n’en est pas moins, ainsi que je l’ai montré quelque part, l’ère des gouvernements constitutionnels et de l’équilibre des puissances : à ce double titre, l’Italie pouvait revendiquer sa liberté politique et son autonomie.

Bref, des idées nouvelles se propagent en Italie ; elles s’y propagent, notons ce point, légitimement, en vertu du droit imprescriptible de l’intelligence, autrement dit droit de libre examen ou libre pensée, lequel est indépendant du droit de la force et sort tout à fait de sa compétence. Sous cette action des idées, il devait donc arriver un jour où l’Italie, comme la France de 1789, lèverait la tête, et, secouant la poussière du passé, s’écrierait : J’ai le droit de vivre, car j’ai l’idée et la vie ; j’ai le droit de vivre, car je me sens la force. Donc je veux vivre, reprendre ma place au soleil des états et devenir, moi aussi, une grande puissance. — Depuis 1848, le Piémont est devenu le foyer de ce mouvement.

On conçoit que ce vœu de l’Italie, tout à fait spontané, en soi légitime, n’ait pas été, dès l’origine, celui de la majorité des Italiens : c’est tout au plus si, à cette heure même, il a conquis la majorité. A plus forte raison ce vœu ne pouvait-il être celui des gouvernements dont il menaçait l’existence.

Les princes avec lesquels la jeune Italie se mettait en opposition étaient :

Le Pape, dont le pouvoir temporel est aujourd’hui nié ; l’empereur, c’est-à-dire l’Autriche, substituée aux droits