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distance proportionnelle à la puissance d’attraction réciproque du soleil et des planètes.

Ainsi, quoi qu’en ait dit le fabuliste, le droit du plus fort est un droit positif, et sa raison une vraie raison ; le tort, en tout ceci, vient ou de l’exagération du droit de la force, ou de la fausseté de son application. La part du lion, en elle-même, est légitime. Ce qui fait la moralité de la fable du Lion et de ses trois associés, la Vache, la Chèvre et la Biche, et qui constitue la friponnerie du premier, ce n’est pas qu’il s’arroge une part plus forte en raison de sa force et de son courage, c’est que, par une chicane de procureur, faisant de sa qualité de lion, puis de sa force, puis encore de son courage, trois termes identiques, autant de titres à s’adjuger une part du produit, et menaçant de sa griffe l’associée qui oserait élever des prétentions sur le reste. il se paye quatre fois de ce qui doit ne lui être compté qu’une seule.

Le droit de la guerre dérive immédiatement du droit de la force. Il a pour objet de réglementer le combat et d’en déterminer les effets, lorsque la force étant niée, ou son droit méconnu, il devient nécessaire, pour vider le différend, de procéder au conflit. C’est pourquoi, avons-nous dit, la guerre est une forme de procédure qui par elle-même n’engendre aucun droit, pas même celui de la force ; mais qui le constate, le met en évidence, le sanctionne par la victoire, et lui adjuge ses conclusions en faisant cesser, par la suprême raison de la force, l’antagonisme.

Autant il est vrai, cependant, que l’antagonisme est la loi de la vie sociale, disons même de la vie universelle, autant on peut dire que la guerre sanglante répugne au sentiment social de l’homme. Si belliqueuse que soit une nation, son premier mouvement, en cas de difficulté, est toujours d’éviter, s’il se peut, le combat. De là la notion du droit des gens.