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celui de la Pologne, c’est que les difficultés que soulèvent et le principe d’équilibre et les jalousies internationales y mettent empêchement. Peut-être les puissances, ne pouvant s’entendre pour un partage, finiront-elles par une occupation et un gouvernement en commun ; ce qui permettrait aux indigènes de gagner peu à peu de la force, et peut-être aux Turcs de s’adoucir. Dans tous les cas, et quoi qu’il advienne, le principe reste entier, c’est que le droit des puissances, supérieur à toute considération de nationalité, dégagé de tout verbiage philanthropique, a pour fondement la force.


Question polonaise. — Dans mon opinion, la Pologne a péri par sa propre dissolution. Le partage de 1772 n’en a été que la conséquence nécessaire. C’est une chose dont il est aisé de se convaincre en suivant le mouvement polonais depuis le fondateur de la première dynastie, Piast, jusqu’à Stanislas Poniatowski, qui assista, sans mot dire, aux trois partages de la Pologne, en 1772, 1793 et 1795. L’histoire de la Pologne est une longue agitation, dont le but unique est de savoir si le foyer principal du panslavisme sera à Varsovie ou à Moscou. La loi de la force, après avoir quelque temps favorisé les Polonais, s’est prononcée à la fin pour les Russes. Joignez à cela l’absurdité de la constitution polonaise, l’incapacité politique de la noblesse, vénale, indisciplinable, et toujours en quête de souverains étrangers.

Je déclare donc que, quant à moi, après avoir examiné autant que je l’ai pu les pièces du procès, le partage de 1772 et ceux qui l’ont suivi, quelque douloureux et même regrettables qu’ils paraissent à ceux qui n’en furent point participants, me semble, au point de vue du droit des gens, tout à fait irréprochable, et je ne comprends pas les déclamations et larmoiements dont ce partage est depuis