Page:Proudhon - La Guerre et la Paix, Tome 1, 1869.djvu/217

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

France achevât de s’arrondir par l’annexion d’un certain nombre de provinces qui la touchaient à l’est et au nord. Ce travail de circonscription de l’empire français est-il aujourd’hui terminé ? N’y a-t-il pas quelque complément à y apporter, quelque rectification à y faire ? Question brûlante que je ne veux point discuter ici. Je me permettrai seulement de dire, non pas précisément que le patriotisme français nourrisse à cet endroit des espérances exagérées : le droit de la France peut se trouver déterminé par tels événements qui motiveraient de sa part de nouvelles annexions ; je dirai qu’à mon avis, depuis la Révolution française et les guerres qui l’ont suivie, en présence des institutions représentatives qui surgissent de tous côtés et des questions économiques qui se posent, le droit des gens a subi une modification essentielle, qui exige de tout autres solutions…

Pourquoi la guerre de cent ans, entre la France et l’Angleterre, fût-elle, de la part de cette dernière, une guerre injuste ? La disposition de la loi salique, qui excluait les femmes de la succession à la couronne, était une invention de procureur, dont Édouard III avait parfaitement raison de se moquer. Mais, entre la France et l’Angleterre, la nature a élevé des barrières qui rendent toute réunion impossible. Ici, comme dans l’affaire du Milanais, on peut affirmer que la loi d’incorporation était inapplicable, conséquemment qu’il n’y avait lieu pour le roi d’Angleterre de faire appel à la guerre. Bien loin que le roi de France dût reconnaître le titre dont se prévalait son rival comme petit-fils de Philippe le Bel, il aurait pu lui dire, s’il n’en eût été empêché par son respect du droit féodal :

« La loi de formation des états est qu’aucune incorporation n’ait lieu qu’autant qu’elle est commandée par une nécessité absolue. Dans ce cas seulement, il y a lieu de