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» Ou bien, enfin, l’équilibre a-t-il pour condition l’indépendance universelle, l’anarchie des cités ?

» L’équilibre peut-il être remplacé par un tribunal arbitral ? En tout état de cause, le groupe politique le plus avancé en civilisation, le plus fort ou le plus riche, a-t-il droit à quelque privilége sur celui qui l’est moins ? Quelle est la nature de ce privilége ?

» Quand et comment une nation ralliée à une autre peut-elle revendiquer son autonomie ?

» Comment se fera la répartition des terres nouvellement découvertes, ou habitées par des peuplades réputées sauvages ? Quel sera, sur ces peuplades, le protectorat des civilisés ? Quels sont leurs droits et devoirs réciproques ?

» Quel a été, dans les temps anciens, le rôle de l’esclavage ? Que peut-il être aujourd’hui ?

» Une nation a-t-elle le droit de se clore et de refuser le commerce avec l’étranger ?

» Quid des alliances politiques particulières ? Ne sont-elles pas une menace à la liberté des autres états, partant une infraction au droit des gens ?... »


En voilà assez pour luire comprendre aux moins intelligents de nos lecteurs en quoi consiste le droit des gens, confondu par tous les publicistes, tantôt avec le droit naturel ou civil, tantôt avec le droit politique, tantôt avec le droit de la guerre, et réduit, en ce qui n’est pas du droit civil, politique ou guerrier, à de puérils détails sur la tenue des ambassades.

Quelques observations pratiques sur le droit des gens, considéré dans ses rapports avec le droit de la guerre et le droit de la force, termineront ce que nous avons à dire.

On a vu précédemment (chap. VIII, page 110) que ce qui distingue le droit de la guerre du droit de la force, c’est que celui-ci est le droit par lequel un individu, une corpo-