rons la guerre : La revendication et la démonstration par les armes du droit de la force.
Ce principe remplissait l’âme des anciens ; il plane sur toute leur histoire, mêlé, il est vrai, à d’effroyables abus, sujet à des interprétations fausses, et rendu odieux par la barbarie avec laquelle on l’appliquait. Mais quand la fumée a-t-elle été prise pour un argument contre la lumière, et la superstition appelée en témoignage contre l’idée ? C’est le devoir de l’équitable histoire de dégager, dans les pensées des nations comme dans leurs gestes, le vrai du faux, et le juste de l’injuste.
L’an 416 avant J.-C, pendant la guerre du Péloponèse, les Athéniens assiégèrent l’Ile de Méla. La conférence qui eut lieu à cette occasion entre les Athéniens et les Méliens, et que nous a conservée Thucydide, est un des monuments les plus remarquables du droit des gens de cette époque, et aussi l’un des moins compris par les critiques.
« Il faut, disaient les Athéniens, partir d’un principe universellement admis, c’est que les affaires se règlent entre les hommes par les lois de la justice, quand une égale nécessité les y oblige ; mais ceux qui l’emportent en puissance font tout ce qui est en leur pouvoir, et c’est aux faibles à céder. »
Les Méliens avouent qu’il leur est difficile de résister à la puissance d’Athènes ; mais ils espèrent qu’en résistant justement à des hommes injustes, les dieux les protégeront.
Dans leur réplique, les Athéniens rendent les dieux complices de leur politique :
« Ce que nous demandons, disent-ils, ce que nous faisons