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commune de Minerve, prennent un nom pluriel, collectif, Athenœ. Ce n’étaient que des hameaux habités par une population de même sang, de même langue, de même intérêt, séparés tout au plus par les prétentions de leurs échevins. Ce ne fut pas cependant une médiocre affaire de les réunir ; la distinction persista et déteignit sur le gouvernement. Les Athéniens nommaient dix généraux pour commander à tour de rôle, chacun pendant un jour, la même armée ; la démocratie athénienne fut toujours une rivalité de quartiers.

Mais qu’était-ce que la formation en une même cité des douze bourgs de Minerve, auprès de la centralisation de l’Italie ? L’Italie, au temps de Romulus, contenait une centaine de petits peuples, tous indépendants, et que leur développement simultané allait bientôt contraindre à s’unir. Rome fut le centre de cette absorption, qui exigea près de six siècles. Or, qu’on daigne, pendant un moment, se rendre compte des difficultés d’une pareille fusion, dont les siècles modernes n’offrent pas d’exemple, et l’on comprendra ce que c’est que la guerre.

La première guerre qu’eurent à soutenir les Romains fut contre les Sabins. L’enlèvement des femmes, présenté par Tite-Live comme la cause ou le prétexte de cette guerre, donne clairement à entendre qu’entre les deux cités la distinction était devenue impossible. Il y avait donc à régler les conditions de la réunion, déterminer la constitution ; si les deux états étaient monarchiques au moment de la fusion, quelle dynastie on éliminerait ; dans le cas où l’un des deux seulement eût été monarchique, l’autre républicain, il s’agissait soit de créer un gouvernement mixte, soit de changer les traditions et les mœurs politiques d’un des deux peuples. Puis il y avait à faire concorder des législations différentes, concilier des usages, créer la tolérance, etc. Rome, dès ses premières guerres,