seuls font la vie des peuples et la moralité des constitutions, président au mouvement des états, à la mort et à la résurrection des sociétés. Ces principes, je les cherche, et ne les trouve point. Personne ne me répond, ni de la France, ni de l’étranger.
Chose effrayante ! Nous nous vantons de nos découvertes, de nos progrès. Certainement que nous avons raison de nous en vanter. Mais il n’est pas moins vrai que sur la physiologie des sociétés et la marche des états nous ne savons encore rien, nous n’en sommes pas même am rudiments. Nous roulons sur des hypothèses : au siècle le plus civilisé qui fut jamais, les nations vivent entre elles sans garanties, sans principes, sans foi, sans droits. Et parce que nous n’avons de certitude sur rien, de foi en rien, il en résulte que, en politique comme en affaires, la confiance, pour laquelle on a tant combattu depuis 1848, est devenue une utopie.
Certes, de telles considérations sont de notre époque ; et l’on ne peut leur reprocher d’être plus révolutionnaires que conservatrices, plus républicaines que dynastiques. Elles embrassent toutes les opinions, tous les intérêts.
La campagne de Lombardie était terminée ; au traité de Villafranca avait succédé celui de Zurich, que je n’étais pas plus avancé que le premier jour, et que dans le doute je m’abstenais, en dépit de toutes les provocations, de porter un jugement. Comme Français, comme démocrate, je pouvais jusqu’à certain point me réjouir ; comme ami de la vérité et du droit, je n’étais satisfait qu’à moitié.
Enfin, décidé à avoir le mot de l’énigme, je crus saisir, à travers les broussailles des juristes, dans le fatras des histoires, au plus obscur de la conscience populaire, un fugitif rayon. Ce rayon, je l’ai fixé, multiplié, puis concentré ; bref, j’en ai composé cet écrit, que je présente à la bienveillance du lecteur, et dans lequel j’espère que mes con-