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je le retrouvais dans la presse réactionnaire : des motifs intéressés, toujours ; des raisons de droit, jamais.

La révolution, me dis-je, a dû nous laisser quelques éléments… Mais ici encore mes recherches furent vaines. Nos pères de 92, de même que ceux qui leur succédèrent pendant la période impériale, agissaient, mais ne philosophaient pas. Quelques mots cà et là : Guerre aux châteaux, paix aux chaumières ; ou bien : Les peuples sont pour nous des frères, etc. De science, de jurisprudence, pas vestige.

Je m’adresse aux écrivains spéciaux, qui depuis Grotius et Hobbes ont traité doctrinalement de la paix et de la guerre, de la conquête, des révolutions des états, du droit des gens, et qui par métier ont dû ramener tout à des considérations de métaphysique et de droit. Déception ! Il est certain que les auteurs ont cherché les principes ; mais il est tout aussi évident, pour qui sait lire, qu’ils ne les ont pas trouvés. Leur prétendue science du droit des gens, que dis-je ? le corps entier du droit, tel qu’ils l’ont conçu et exposé, est un échafaudage de fictions auxquelles ils n’ajoutent pas eux-mêmes créance.

Les principes existent cependant, pensais-je en moi-même. Les principes sont l’âme de l’histoire. C’est un axiome de la philosophie moderne que toute chose a son idée, partant son principe et sa loi ; que tout fait est adéquat à une idée ; que rien ne se produit dans l’univers qui ne soit l’expression d’une idée. Le caillou qui roule a la sienne, comme la fleur et le papillon. Ce senties idées qui agitent le chaos et qui le fécondent ; les idées mènent l’humanité à travers les révolutions et les catastrophes. Comment la guerre n’aurait-elle pas sa raison supérieure, son idée, son principe, de même que le travail et la liberté ? Il y a une loi de la tempête, il y en a une aussi du combat. Les principes