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lité paraîtrait respectable peut-être, si elle ne rencontrait autant d’intérêts adverses que de préjugés favorables ; l’unité, acclamée par les uns, est réprouvée par les autres : bref, dans ce dédale de la politique internationale, dont tout le monde raisonne avec une si haute compétence, la seule chose positive que l’homme de bon sens découvre, c’est qu’on n’y voit goutte.

Comme tout le monde, en voyant le canon remplacer la discussion, je voulus me rendre compte de cette manière extra-dialectique de résoudre les difficultés internationales, savoir ce qui fait agir peuples et gouvernements, lorsque au lieu de se convaincre ils travaillent à se détruire ; et, puisque la parole était aux événements, chercher ce que les événements signifiaient.

Je raisonnais, comme tant d’autres, à perte de vue sur l’Italie, l’Autriche, leurs relations et leur histoire ; sur la France et sa légitime influence ; sur les traités de 1815, sur le principe des nationalités et celui des frontières naturelles, lorsque je m’aperçus, non sans quelque honte, que mes conclusions étaient purement conjecturales, arbitraires, produit de mes sympathies et antipathies secrètes, et ne reposaient sur aucun principe.

Je regarde autour de moi, je lis, j’écoute, je m’informe. Nous faisons de la matière historique, disais-je ; quels principes régissent cette fabrication ? Mes souvenirs se reportant vers 1849, à l’époque de l’expédition romaine et de la guerre de Hongrie, je voulus revoir ce que nous disions alors de ces événements. J’en demande bien pardon à mes anciens collaborateurs et confrères : mais ils parlaient dès lors, comme ils ont fait depuis, au gré de leur inclination démocratique, mais sans alléguer jamais le moindre lambeau de philosophie, sans raison sérieuse, en un mot, sans principes. Et ce que je constatais dans la presse républicaine,