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puis dire que parler ainsi de la guerre et du droit de la force, mêler le bien et le mal, le vrai et le faux, c’est déshonorer la philosophie. Hegel aurait mérité cette condamnation énergique de l’un de ses disciples, Mager :


« Une philosophie par laquelle le fatalisme et le droit du plus fort sont élevés sur le trône ; par laquelle l’individu est dépouillé de sa personnalité, de sa responsabilité, et dégradé jusqu’à n’être plus qu’une goutte dans le torrent de l’esprit universel, et qui dit expressément que la vertu et la justice, l’iniquité et la violence, les vices et les talents, les actions personnelles, les grandes et les petites passions, le crime et l’innocence, la grandeur de la vie publique ou individuelle, l’indépendance et les destinées des nations, sont des points de vue dont l’histoire universelle n’a point à s’occuper[1]… »


Achevons nous-mêmes la phrase : Une pareille philosophie est un outrage au bon sens, et une dérision de ce qu’elle a la prétention de glorifier, la fatalité, la guerre, la force.

Quelles autres citations ferais-je à présent ? Et à quoi bon ? Le droit de la guerre nié, le droit des gens, dont les badauds continuent à s’entretenir, se réduit à néant. Écoutons le dernier recenseur de la science, M. Oudot :


« Existe-t-il pour le droit international une sanction autre que celle de la conscience et du mal qui résulte tôt ou tard pour le coupable de la perpétration de l’injustice ?

» Pour soutenir l’affirmative, il faudrait accepter des croyances à moitié fatalistes, qui, en reconnaissant la li-

  1. Wilmm, Histoire de la philosophie allemande, t. IV. p. 330.