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guerre ; qu’ensuite le développement historique de l’humanité se soit effectué sur la donnée d’un droit guerrier, à telles enseignes que, ce droit supprimé, il ne reste absolument rien de l’humanité passée, présente, je dirai même future, puisqu’elle ne saurait ni s’affranchir de sa tradition, ni se régénérer en dehors de cette même tradition et se constituer d’après un autre système. Là est l’irréparable lacune de l’ouvrage de Grotius. Non-seulement ce grand homme n’a pas compris le droit de la guerre ; non-seulement il n’a pas vu qu’en méconnaissant ce droit, il se mettait en opposition avec la foi, la tradition et la pratique constante du genre humain ; il ne s’est pas même douté qu’en niant le droit de la force, il bâtissait en l’air et qu’il élevait un monument, non plus à la justice, mais à l’arbitraire.