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PRÉFACE
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Je demande pardon au public français d’oser me représenter devant lui, et, ce qui est pis, avec un livre daté de l’étranger. Je supplie mes compatriotes, avant de condamner l’auteur et son œuvre, de vouloir bien entendre, sur l’un et sur l’autre, quelques mots d’explication. Il ne s’agit pas de moi seulement, mais de tous ceux qui, depuis treize ans, maltraités par les événements, demeurent invinciblement attachés à certaines idées et à certaines choses.

Et d’abord, en ce qui touche la personnalité de l’écrivain.

La France, depuis une dizaine d’années, a commencé une vie nouvelle ; je n’avais pas besoin de venir en Belgique pour l’apprendre. Les idées auxquelles, jusque vers la fin de la seconde république, elle semblait attachée, aujourd’hui elle paraît ne les comprendre plus qu’à moitié, et s’en soucier de même. Les hommes qui lui servaient de guidons, qui, par leur génie et par la diversité même de leurs opinions, personnifiaient en elle le mouvement, elle