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tout à fait de même. Le premier condamne la guerre d’une manière absolue :

« La guerre est un état permanent de violences indéterminées entre les hommes. »

M. Vergé fait quelques réserves, en faveur de l’état qui se trouve placé par un injuste aggresseur dans le cas de légitime défense :


« Sans doute, dit-il, on ne peut considérer la guerre, avec le comte de Maistre, comme une grande loi du monde spirituel, ou avec Spinoza, comme l’état normal de la créature. — C’est une extrémité fâcheuse, le seul moyen de contraindre une personne collective et souveraine à remplir ses engagements et à respecter les usages internationaux » (Schutzenberger). — « La guerre est toujours injuste en soi, en ce sens que la force décide du droit, ou, pour parler plus exactement, qu’il n’y a pas d’autre droit que la force » (Barni, trad. de Kant).


M. Hautefeuille, le dernier en France qui ait écrit sur cette matière scabreuse, dit à son tour en copiant Hobbes :

« Il est dans l’ordre de la nature que le règne de la force précède celui du droit. »


Et la multitude des commentateurs, traducteurs, éditeurs, annotateurs, de répéter à l’unisson : Non la force ne peut jamais faire droit. Si quelquefois elle intervient dans les œuvres de la justice, c’est comme moyen de supplice ou de contrainte, comme la menotte du gendarme et la hache du bourreau. Il serait monstrueux d’y voir la base ou l’expression d’un droit.