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CHAPITRE II


LA GUERRE SE PRODUIT COMME UN JUGEMENT, RENDU AU NOM ET EN VERTU DE LA FORCE. — CE JUGEMENT, LA CONSCIENCE UNIVERSELLE LE DÉCLARE RÉGULIER ; LA JURISPRUDENCE DES AUTEURS LE RÉCUSE.


La seconde proposition sur laquelle se manifeste la divergence entre le sentiment universel et l’opinion de l’école, est celle-ci : La guerre est un jugement.

Cicéron définit la guerre, d’après l’opinion commune, une manière de vider les différends par les voies de la force. On est bien forcé, ajoute-t-il avec tristesse, d’en venir là, quand tout autre mode de solution est devenu impraticable. La discussion est le propre de l’homme ; la violence le propre des bêtes. Nam cum sint duo genera decertandi, unum per disceptationem, alterum per vim ; cùmque illud proprium sit hominis, hoc belluarum, confugiendum est ad posterius, si uti non licet superiore.

On voit par cette citation que le grand orateur n’admettait que sous réserve la définition traditionnelle de la guerre, qu’elle est une manière de jugement. De son temps déjà la pure notion du droit de la guerre s’était obscurcie :