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que son revenu, qui sans impôt serait de 3,000, 6,000, 10,000 ou 20,000 fr., n’est plus, grâce à l’impôt, que de 2,500, 4,500, 8,000 ou 15,000 fr. Et là-dessus il se récrie avec plus d’indignation que ses locataires contre la grosseur du budget.

Pure équivoque. Le capitaliste ne paye rien : le Gouvernement partage avec lui, voilà tout. Ils font cause commune. Quel est donc le travailleur qui ne s’estimât heureux d’être couché au grand-livre pour 2,000 fr. de rente, à la seule condition d’en laisser le quart à l’amortissement ?…

Il est au budget des recettes un chapitre qui m’a toujours semblé la pierre d’attente de l’ancien régime, c’est celui de l’enregistrement.

Ce n’est point assez que le producteur paye la faculté que lui laisse le fisc de fabriquer, cultiver, vendre, acheter, transporter, etc. ; l’enregistrement lui interdit tant qu’il peut la propriété. Tant pour la succession d’un père, tant pour celle d’un oncle, tant pour une location, tant pour une acquisition. Comme si le législateur de 89 avait eu pour but de reconstituer l’inaliénabilité des immeubles à l’instar des droits féodaux ! Comme s’il avait voulu rappeler sans cesse au vilain affranchi par la nuit du 4 août, qu’il était de condition servile ; qu’à lui n’appartenait pas de posséder la glèbe ; que tout cultivateur est de plein droit, sauf concession du souverain, emphytéote et mainmortable ! Prenons garde : il y a des gens qui ont conservé religieusement ces idées ; ces gens-là sont nos maîtres, et les amis de tous ceux qui nous prêtent sur hypothèque…

Les partisans du régime gouvernemental repoussent de toute l’énergie de leurs convictions cette critique qui, au lieu de s’en prendre aux hommes, s’attaquant