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du privilége, et inverse de ceux qu’ils pouvaient rendre aux producteurs. Or, quand on accorderait que les hautes capacités administratives et financières, qui pendant ces dix-huit ans gouvernèrent la France, n’avaient nullement l’intention qu’accusent ces rapprochements budgétaires, ce qui après tout importe peu, il n’en demeurerait pas moins vrai que le système d’appauvrissement et de compression par l’État s’est développé avec une spontanéité, une certitude qui ont pu fort bien se passer de la complicité des hommes d’État. Encore une fois, il ne s’agit point ici des intentions personnelles. Au-dessus de l’esprit des hommes, il y a l’esprit des choses : c’est celui-là dont le philosophe, toujours bienveillant pour ses semblables, se préoccupe.

Si la disposition du budget des dépenses est curieuse, celle du budget des recettes n’est pas moins instructive. Je n’entre pas dans le détail : le caractère général suffit. C’est dans la généralité que se trouve la vérité.

On a prouvé depuis 1848, et par chiffres, qu’en remplaçant le système des impôts existants par une taxe unique, ayant pour base le capital, et proportionnelle à la fortune de chacun, soit par exemple 1 pour 100, l’impôt serait réparti avec une égalité presque idéale, réunissant à la fois les avantages de la proportionnalité et de la progression, sans aucun de leurs inconvénients. Dans ce système, le travail serait peu ou point frappé ; le capital, au contraire, méthodiquement atteint. Là où le capital ne serait pas protégé par le travail du capitaliste, il serait compromis ; tandis que l’ouvrier dont l’avoir ne s’élèverait pas à une quantité imposable ne payerait rien. La justice dans l’impôt : ce serait le nec plus ultrà de la science