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diminution de la stature et de l’affaiblissement de la santé, autant que de l’excessive consommation d’hommes, cette taille a été réduite à 4 pieds 10 pouces. Quant aux exemptions de service, pour défaut de taille et infirmités, elles ont été de 1830 à 1839, de 45 et 1/2, et de 1839 à 1848, de 50 1/2 pour %.

La durée de la vie moyenne s’est accrue, il est vrai, mais aux dépens de cette même classe, comme le prouvent, entre autres, les tables de mortalité de la ville de Paris, où la proportion des décès pour le douzième arrondissement est de 1 sur 26 habitants, tandis que pour le premier elle n’est que de 1 sur 52.

Peut-on douter qu’il y ait tendance au mal, au moins pour ce qui regarde les travailleurs, dans la société actuelle ? Ne semble-t-il pas qu’elle ait été faite exprès, non pas, comme le voulait Saint-Simon, pour l’amélioration physique, morale et intellectuelle du peuple, mais pour sa misère, son ignorance et sa dépravation ?

La moyenne des élèves reçus chaque année à l’École Polytechnique est, je crois, de 176. Suivant M. Chevalier, elle pourrait être vingt fois plus forte, et ce n’est point exagérer. Mais que ferait notre société capitaliste de 3,520 polytechniciens que lui vomirait l’École à la fin de chaque année scolaire ? J’insiste sur cette question : Qu’en ferait-elle ?

Lorsque le règlement a prescrit de n’admettre que 176 élèves au lieu de 3,520 qui pourraient être reçus, c’est qu’il n’est pas possible au gouvernement, à l’industrie féodale, de pourvoir, dans les conditions voulues, plus de 176 de ces jeunes gens : tout le monde comprend cela. On ne cultive pas la science pour la science ; on n’apprend pas la chimie, le calcul intégral, la géométrie analytique, la mécanique, pour devenir ensuite un ouvrier ou un laboureur. La multitude