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Si elle se borne à proroger les pouvoirs du président, elle est perdue.

Si, après avoir prorogé par un même décret les pouvoirs de l’Assemblée, elle conserve la loi du 31 mai et le suffrage universel, elle est perdue.

Si elle laisse dans le pays les cent mille républicains socialistes les plus énergiques, elle est perdue.

Si elle abandonne l’armée à son mode de recrutement et à sa faiblesse numérique actuelle, elle est perdue.

Si, après avoir recréé la caste militaire, elle ne reconstitue suivant le principe féodal l’industrie et le commerce, elle est perdue.

Si elle ne rétablit la grande propriété et le droit d’aînesse, elle est perdue.

Si elle ne réforme dans son entier le système d’enseignement et d’éducation publique, si elle n’efface de la mémoire des hommes jusqu’au souvenir des révolutions passées, elle est perdue.

Si, pour payer les dépenses qu’entraînent de si grandes choses, elle ne double l’impôt et ne réussit à le faire payer, elle est perdue.

De toutes ces mesures indispensables, dont une seule omise vous replongerait aussitôt dans l’abîme, pouvez-vous essayer seulement la première ? Oseriez-vous notifier au peuple cette résolution inconstitutionnelle : Louis Bonaparte est prorogé dans ses pouvoirs ?

Non, vous ne pouvez rien, vous n’oserez rien, royalistes, impérialistes, bancocrates, malthusiens, jésuites, qui avez usé et abusé de la force contre l’idée. Vous avez perdu, sans profit pour votre conservation, l’honneur et le temps. Prorogez, ne prorogez pas ; revisez tout ou ne revisez rien ; appelez Chambord,