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geoisie privilégiée qui donne la main à l’aristocratie d’épée et de robe ;

6o Expurger, brûler les neuf dixièmes des bibliothèques, les livres de science, de philosophie et d’histoire ; anéantir les vestiges du mouvement intellectuel depuis quatre siècles, remettre la direction des études et les archives de la civilisation exclusivement aux jésuites ;

7o Pour couvrir ces dépenses, et reconstituer au profit de la nouvelle noblesse, comme aussi des églises, séminaires et couvents, des propriétés spéciales et inaliénables, augmenter l’impôt d’un milliard, contracter de nouveaux emprunts, etc, etc., etc.

Voilà, en résumé, par quelle politique, par quel ensemble de mesures à la fois organiques et répressives la réaction, si elle veut être logique et suivre jusqu’au bout sa fortune, doit continuer son entreprise. C’est une régénération sociale qui, reprenant la civilisation au quatorzième siècle, recommence la féodalité à l’aide des éléments nouveaux que fournit le génie moderne et l’expérience des révolutions. Hésiter, s’arrêter à moitié chemin, c’est perdre honteusement le fruit de trois années d’efforts, et courir à un désastre certain, irréparable.

Y avez-vous réfléchi, réacteurs ? Avez-vous calculé la force acquise sous cette pression de trois ans par la Révolution ? Vous êtes-vous dit que le monstre avait poussé ses ongles et ses dents, et que si vous ne venez à bout de l’étouffer, il vous dévorera ?

Si la réaction, comptant sur la sagesse du pays, attend 1852, elle est perdue. Sur ce point tout le monde est à peu près d’accord, dans le peuple et dans le gouvernement, parmi les conservateurs et les républicains.