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bien prendre vos mesures, parce que si, au dernier moment, la Révolution vous échappe, vous êtes perdus.

Si le prince actuellement chargé du pouvoir exécutif était président à vie ; si en même temps l’Assemblée, incertaine des électeurs, pouvait se proroger, comme autrefois la Convention, jusqu’à la convalescence du malade, la solution semblerait peut-être trouvée. Le gouvernement n’aurait qu’à se tenir coi, et faire célébrer des messes, pour la guérison du Peuple, dans toutes les églises de France. Il aurait peu à faire contre l’insurrection. La légalité, dans ce pays formaliste, est si puissante, qu’il n’est servitude, avanie, que nous ne soyons prêts à endurer dès qu’on nous parle Au nom de la loi.

Mais aux termes du pacte fondamental, Louis Bonaparte sort de charge fin avril 1852 ; quant à l’Assemblée, ses pouvoirs expirent le 29 mai suivant, au plus fort de l’ardeur révolutionnaire. Tout est compromis, si les choses se passent comme le prescrit la Constitution. Ne perdez pas une minute : Caveant consules !

Puis donc que la Constitution fait en ce moment tout le péril, qu’il n’y a pas de solution légale possible, que le gouvernement ne peut compter sur l’appui d’aucune partie de la nation, que la gangrène a tout envahi, vous ne devez, à peine de forfaiture et de lâcheté, prendre conseil que de vous-mêmes et de l’immensité de vos devoirs.

Il faut, en premier lieu, que la Constitution soit par vous, d’autorité, revisée ; du même coup, Louis Bonaparte prorogé, d’autorité, dans ses pouvoirs.

Cette prorogation ne suffit pas, les élections de 1852 pouvant donner une assemblée démagogique dont le premier acte serait de mettre en accusation le