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phalanstériens, icariens, le cours de vos résistances insensées. Achevez d’éclairer le Peuple et de lui définir la Révolution. Plus vous irez, plus vous le servirez, plus aussi j’aime à croire qu’il vous pardonnera.

Mais vous, Républicains de la vieille école ; à qui le désir ne manque pas d’aller en avant, et que le respect de l’autorité retient toujours, ne pouvez-vous une fois lâcher la bride à vos instincts ? Voici vos deux candidats, MM. Cavaignac et Ledru-Rollin, dont le rôle, s’ils voulaient, serait de conduire en peu de temps, l’un la bourgeoisie, l’autre le prolétariat, à ce monde supérieur du droit humanitaire et de l’organisation économique. Déjà ils ont pris la devise du dernier conclave démocrate-socialiste : La République est au-dessus du suffrage universel. Mais M. Cavaignac, défendant la Constitution, se croit obligé d’être de plus en plus ami de l’ordre, tandis que M. Ledru-Rollin, dans ses manifestes contre-signés Mazzini, ne peut s’empêcher de se signer sur le front, sur la bouche et sur la poitrine, au seul mot d’anarchie. Tous deux, méconnaissant également les attractions de leur parti, tremblent de tomber dans ce puits de la Révolution, qui est notre galerie de délivrance, comme s’ils devaient au fond rencontrer le diable. Allez donc, couards ! vous avez déjà la moitié du corps dans la margelle. Vous l’avez dit : La République est au-dessus du suffrage universel. Si vous comprenez la formule, vous ne désavouerez pas le commentaire :


La Révolution est au-dessus de la République.



fin.