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dire, comme Pascal de l’univers, que son centre est partout, sa circonférence nulle part.

Or, l’institution gouvernementale abolie, remplacée par l’organisation économique, le problème de la République universelle est résolu. Le rêve de Napoléon se réalise, la chimère de l’abbé de Saint-Pierre devient une nécessité.

Ce sont les gouvernements qui, après avoir eu la prétention d’établir l’ordre dans l’humanité, ont ensuite classé les peuples en corps hostiles : comme leur unique occupation était de produire au dedans la servitude, leur habileté consistait à entretenir au dehors, en fait ou en perspective, la guerre.

L’oppression des peuples et leur haine mutuelle sont deux faits corrélatifs, solidaires, qui se reproduisent l’un l’autre, et qui ne peuvent disparaître qu’ensemble, par la destruction de leur cause commune, le gouvernement.

C’est pour cela que les peuples, aussi longtemps qu’ils demeureront placés sous la police de rois, de tribuns, ou de dictateurs ; aussi longtemps qu’ils obéiront à une autorité visible, constituée au sein d’eux-mêmes, et de qui émanent les lois qui les régissent, seront inévitablement en guerre : il n’est sainte alliance, congrès démocratique, amphictyonique, comité central européen, qui y puisse quelque chose. De grands corps ainsi constitués sont nécessairement opposés d’intérêts ; comme ils répugnent à se fondre, ils ne peuvent pas davantage reconnaître de justice : par la guerre ou par la diplomatie, non moins immorale, non moins funeste que la guerre, il faut qu’ils luttent et qu’ils se battent.

À l’économie unitaire, du globe, la nationalité, excitée par l’État, oppose donc une résistance invinci-