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Une commune a besoin d’instituteur. Elle le choisit à sa guise, jeune ou vieux, célibataire ou marié, élève de l’École normale ou de lui-même, avec ou sans diplôme. La seule chose essentielle, c’est que ledit instituteur convienne aux pères de famille, et qu’ils soient maîtres de lui confier ou non leurs enfants. Ici, comme ailleurs, il faut que la fonction procède du libre contrat et soit soumise à la concurrence : chose impossible sous un régime d’inégalité, de favoritisme, de monopole universitaire ou de coalition entre l’Église et l’État.

Quant à l’enseignement dit supérieur, je ne vois pas davantage en quoi la protection de l’État pourrait être requise. N’est-il pas la résultante spontanée, le foyer naturel de l’enseignement primaire ? Qui empêche qu’en chaque département, en chaque province, ce dernier ne se centralise, et n’applique une partie des fonds qui lui sont destinés à entretenir les écoles supérieures, jugées indispensables, et dont le personnel sera choisi dans ses propres rangs ? Tout soldat, dit-on, porte dans sa giberne le bâton de maréchal. Si cela n’est pas, cela devrait être. Pourquoi tout maître d’école ne porterait-il pas, dans son brevet, le titre de grand-maître de l’Université ? Pourquoi, à l’exemple de ce qui se passerait dans les compagnies ouvrières, de même que l’instituteur serait responsable envers le Conseil académique, le Conseil académique ne recevrait-il pas son mandat des instituteurs ?…

Ainsi, même avec le système actuel d’enseignement, la centralisation universitaire, dans une société démocratique, est une atteinte à l’autorité paternelle et une confiscation des droits de l’instituteur.

Mais allons au fond des choses. La centralisation gouvernementale, en matière d’instruction publique,