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Demande. L’instruction sera-t-elle gratuite et obligatoire ? — Réponse. Oui.

D. Qui donnera l’instruction ? — R. L’État.

D. Qui en supportera les frais ? — R. L’État.

Il y aura donc un ministre de l’Instruction publique ?

— R. Oui.

Rien de plus aisé, comme l’on voit, que de faire légiférer le Peuple. Tout dépend de la manière de l’interroger. C’est la méthode de Socrate, argumentant contre les sophistes.

D. Y aura-t-il aussi un ministère des Travaux publics ? — R. Naturellement, puisqu’il y aura des travaux publics.

D. Un ministère de l’Agriculture et du Commerce ? — R. Oui.

D. Un ministère des Finances ? — R. Oui.

C’est merveilleux ! Le Peuple parle comme l’enfant Jésus au milieu des docteurs. Pour peu que cela vous fasse plaisir, je vais lui faire dire qu’il veut la dîme, le droit de jambage et la royauté de Dagobert.

Rendons-nous compte encore une fois du motif qui sert de prétexte à l’État.

Le Peuple, en raison de sa multiplicité, étant censé ne pouvoir ni gérer ses propres affaires, ni s’instruire, ni se conduire, ni se garder, comme un grand seigneur qui ne connaît pas sa fortune et dont la tête n’est pas sûre, paye, pour l’administration de ses biens, l’économie de sa maison et les soins de sa personne, des agents, serviteurs, intendants de toute espèce : les uns qui font le compte de ses revenus et règlent ses dépenses, les autres qui traitent en son nom avec ses fournisseurs et banquiers ; ceux-ci qui gèrent ses domaines, ceux-là qui veillent à la sûreté de son individu, etc., etc., etc.