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opiniâtreté indomptable, réclamait de l’Assemblée Constituante de nouvelles armes. L’accès de juin n’était pas calmé, assurait-il ; sans une loi contre la presse et les clubs, il ne pouvait répondre de l’Ordre, et préserver la société.

Il est de l’essence d’une réaction de manifester, à mesure que la révolution la presse, ses mauvais penchants. Ce que certain membre du Gouvernement provisoire, maintenant rentré en grâce auprès du peuple, avait pensé, dans le secret de ses confidences, les ministres de Cavaignac le disaient tout haut.

Mais il est aussi de la nature des partis déchus d’entrer dans l’Opposition : le socialisme pouvait donc compter que ses adversaires de la veille, au moins en partie, feraient maintenant avec lui cause commune. Ce fut ce qui arriva.

Les ouvriers, bon nombre même de bourgeois, continuaient à demander du travail. Les affaires n’allaient pas ; les paysans se plaignaient de la cherté des baux et de la dépréciation des denrées : ceux qui avaient combattu l’insurrection, qui s’étaient prononcés contre le socialisme, sollicitaient en récompense des lois de subvention pour le présent, de garantie pour l’avenir. Le gouvernement ne sut voir en tout cela qu’une épidémie volante, effet des circonstances malheureuses où l’on se trouvait, une sorte de choléra-morbus intellectuel et moral, qu’il fallait traiter par la saignée et les calmants.

Ainsi le gouvernement se trouvait gêné par les institutions ! Le droit ne suffisait pas à le défendre : il lui fallait l’arbitraire. Le socialisme, au contraire, chose inquiétante, se déclarant républicain, s’était établi dans la légalité, comme dans une forteresse. Et il en fut ainsi depuis, à chaque effort tenté par la réaction : la