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leur ; question sans bornes, dans laquelle on pourrait faire entrer, et je n’exagère point, toute l’économie politique, toute la philosophie et toute l’histoire. Je réserve pour d’autres temps ces belles études ; quant à présent, il faut que je sois bref, catégorique, positif. Je désespérerais de ma tâche si le Peuple, dans son instinct à la fois si pratique et si révolutionnaire, ne m’avait abrégé des neuf dixièmes le chemin. C’est sa pratique la plus récente dont je vais essayer la formule. Le Peuple est le dieu qui inspire les vrais philosophes. Puisse-t-il, dans mes rapides paroles, reconnaître sa propre intuition !

Tout le monde sait que l’Échange a été, dès les premiers siècles, décomposé en deux opérations élémentaires, la Vente et l’Achat. La monnaie est la marchandise commune, la taille qui sert à joindre les deux opérations et qui complète l’échange.

Il suffit donc, pour régulariser l’échange, discipliner le commerce, d’effectuer avec méthode l’un ou l’autre des deux actes qui le constituent, la Vente ou l’Achat.

Prenons pour exemple la Vente.

D’après ce que nous venons de dire, la Vente, au point de vue de la justice économique et de la valeur, sera sincère, normale, irréprochable, si elle est faite, autant que permet de le constater l’appréciation humaine, à juste prix.

Qu’est-ce que le juste prix, en toute nature de service et de marchandise ?

C’est celui qui représente avec exactitude : 1o le montant des frais de production, d’après la moyenne officielle des libres producteurs ; 2o le salaire du commerçant, ou l’indemnité de l’avantage dont le vendeur se prive en se dessaisissant de la chose.