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exercé, est déjà, par sa propre vertu, producteur de richesse ; si pour cette raison il a été pratiqué de tout temps et par toutes les nations du globe ; si, en conséquence, nous avons dû le considérer comme une force économique, il n’est pas moins vrai, et ceci ressort de la notion même d’échange, que le commerce doit être d’autant plus profitable, que la vente et l’achat se fait au plus bas et au plus juste prix, c’est-à-dire que les produits échangés peuvent être fournis en plus grande abondance et dans une proportion plus exacte.

La rareté du produit, en autres termes, la cherté de la marchandise, est un mal dans le commerce ; l’imperfection du rapport, c’est-à-dire l’arbitraire du prix, l’anomalie de la valeur, est un autre mal.

Délivrer le commerce de ces deux maladies qui le rongent et l’étiolent, ce serait donc augmenter la productivité de l’échange, par suite, le bien-être de la société.

À toutes les époques la spéculation s’est prévalue de ces deux fléaux du commerce, la rareté du produit et l’arbitraire de la valeur, pour les exagérer encore et pressurer le pauvre peuple. De tous temps aussi la conscience publique a réagi contre les exactions du mercantilisme, et s’est efforcée de ramener l’équilibre. On connaît la guerre acharnée de Turgot contre les accapareurs de grains, soutenus par la cour et le préjugé ; on se souvient aussi des tentatives moins heureuses de la Convention et de ses lois de maximum. De nos jours, la taxe du pain, l’abolition du privilége de la boucherie, les tarifs de chemins de fer, ceux des officiers ministériels, etc., etc., sont autant de pas faits dans cette voie.

Certains économistes, il ne faut pas se lasser de