si les paysans jugeaient utile de s’associer, indépendamment des considérations économiques qui les en éloignent, ils s’associeraient ; d’autre part, il n’est pas moins clair que si l’on devait s’en rapporter aux définitions rigoureuses de la science, la force collective et la division du travail, à un degré si faible qu’on voudra, se retrouvant partout, on en induirait que partout aussi le travailleur doit être associé. Il faut suppléer ici aux défectuosités du langage, et faire pour l’économie politique ce que les naturalistes font pour leurs classifications : prendre toujours les caractères tranchés, non douteux, pour point de départ des définitions.
Je veux donc dire que le degré de solidarité entre les travailleurs doit être en raison du rapport économique qui les unit, de telle sorte que là où ce rapport cesse d’être appréciable ou demeure insignifiant, on n’en tienne aucun compte ; là où il prédomine et subjugue les volontés, on y fasse droit.
Ainsi je ne considère pas comme tombant dans le cas juridique de la division du travail et de la force collective cette foule de petits ateliers qu’on rencontre dans toutes les professions, et qui me paraissent, à moi, l’effet des convenances particulières des individus qui les composent, beaucoup plus que le résultat organique d’une combinaison de forces. Le premier venu, capable de tailler et de coudre une paire de bottes, peut prendre patente, s’installer dans un magasin et mettre sur son enseigne : Un tel, marchand fabricant de chaussures, bien qu’il soit seul à travailler derrière son comptoir. Qu’à cet entrepreneur solitaire se joigne un compagnon qui aime mieux se contenter du salaire de sa journée que de courir les chances du commerce : de ces deux hommes, l’un se